jeudi 6 octobre 2011

Exclusif / Adib Samoud (Tête de la liste indépendante : « Regards Vigilants ») : Si nous ne changeons pas les choses nous-mêmes, personne ne les changera pour nous.

Jeudi, 06 Octobre 2011



 

Regards vigilants est une Liste indépendante sur Nabeul 1. Elle est constituée de jeunes rompus à l’action civile et à la vie association. 
Une grande volonté les anime pour servir la patrie, à la façon que lui veut cette jeunesse qui a fait la révolution, sans d’ailleurs faire trop de tapage sur ce slogan récupéré par tous les autres. 
Ses membres sont : Adib Samoud (vétérinaire), Imen Younes (médecin), Kais mechaal (vétérinaire), Sanda Barboura (juriste) , Abdelkarim Sidhom (cadre en économie et finances), Wafa Gannouchi (master gestion et finances), Adel Haddad (chef d’une entreprise citoyenne en confection).
Des profils qui séduisent, des discours qui accrochent et des idées qui font rêver. Voilà de quoi résumer ces « regards vigilants » ! Et voilà les propos d’Adib Sammoud pour mieux y entrer : 



 1 - Adib Samoud, pouvez-vous nous dire d’abord comment vous est venue l’idée de présenter une liste indépendante pour l’élection de la constituante ?

J’ai été à la Kasbah 1 et 2 et dès l’annonce de la tenue d’élections, j’ai décidé de me présenter en pensant que c’était une candidature uninominale et par circonscription. Par la suite la loi électorale a mis en place un mode de scrutin défavorisant les listes indépendantes et j’ai baissé les bras.
Mais le 14 juillet 2011 un feu de forêt criminel s’est déclaré dans la forêt de Dar Chichou (Kerkouane). Face à l’immobilisme des autorités, j’ai fermé ma clinique, j’ai rejoint un groupe d’amis et pendant 10 jours avec nos petits moyens nous avons tenté d’éteindre la forêt. Un soir, en rentrant, un grand parti donnait un meeting à Kélibia, sur l’amphithéâtre planait une forte odeur de feu de forêt. Durant plus d’une heure de discours, le président du parti n’a pas dit un mot sur la catastrophe qui touchait les habitants de Kélibia et de la région et là j’ai décidé de m’engager, car si nous ne changeons pas les choses nous-mêmes, personne ne les changera pour nous. 

2 - Sur quelle base avez-vous établi cette liste et y a-t-il eu des tensions pour le classement des noms, comme pour certaines listes de partis ?

On a approché plusieurs personnes et d’abord une personne a adhéré à notre projet puis une seconde etc … Nous avons choisi des personnes intègres et n’ayant pour autre objectif que de travailler sur le terrain afin de faire parvenir notre voix à la Constituante. Nous n’avons vécu aucune tension concernant le classement, chacun sachant que le travail de tous ne mènerait que la tête de liste à la constituante.

3 - Votre liste porte-t-elle un projet constitutionnel ou un projet politique ?

Notre liste porte avant tout un projet constitutionnel, mais l’Assemblée constituante étant amenée à faire des lois et à prendre des décisions politiques, nous avons aussi un programme économique et social ainsi qu’un programme politique 

4 - Quelles sont les idées forces de votre projet ?

Une éco-constitution, 5 institutions constitutionnelles : haute cour constitutionnelle, haute cour de justice, le conseil supérieur des libertés, conseil supérieur économique social et culturel et le conseil pour la surveillance des dépenses de l’état. Bien sûr nous sommes attachés aux libertés fondamentales, à la séparation des pouvoirs et à un système où existe un équilibre entre le législatif et l’exécutif. 

5 - Est-ce que ces idées n’ont pas de présence dans les programmes des partis existants, pourtant si nombreux ?

Concernant l’éco-constitution, je peux vous affirmer que pratiquement aucun des points des nombreux programmes ne donne de place à l’écologie et aux conséquences catastrophiques de la pollution sur la santé humaine et animale.
Concernant les 3 dernières cours aucun programme ne prévoit d’institution pour garantir la bonne utilisation des deniers publics, pour planifier à court, moyen et long terme les choix sociaux, économiques et stratégiques, pour encourager la diffusion de la culture et surtout pour permettre à chaque citoyen de voir ses libertés respectées. 

6 - Vous vous êtes distingué, personnellement, par votre engagement associatif, votre militantisme environnemental et votre sensibilité artistique et culturelle. Quel rôle entrevoyez-vous à ces trois volets dans la Tunisie d’aujourd’hui et de demain ?

La société civile est le garde-fou de toute démocratie, il est important d’encourager la création d’associations et les pousser à travailler.
Quant à la culture, un peuple ignare est un peuple perdu, notre objectif après 23 ans d’obscurantisme est que le droit à la culture soit un droit constitutionnel et que l’état participe à la production et à la diffusion de la culture à travers tout le pays ainsi qu’à la promotion de notre culture à l’étranger. 

7 - Vous avez été au premier rang de l’action de mobilisation pour la forêt Chichou, pouvez-vous nous dire votre pensée profonde sur les responsables de cet incendie et leurs motivations ?

C’est un incendie criminel dont les motivations sont purement spéculatives, il y a eu beaucoup de complices et plus de 2 mois après aucun des criminels n’a été interpellé.
Aujourd’hui la forêt est en train d’être vendue sur internet et des maisons construites à l’intérieur de la forêt et sur les ruines qui la bordent.
Pour moi c’est un crime contre l’humanité et contre notre patrimoine écologique et archéologique et j’espère que ces gens seront jugés pour leur crime qui met en danger l’existence de toute notre région qui, si la forêt n’est pas reboisée, sera ensevelie sous des milliers de m3 de sable. 

8 - Comment se déroule votre campagne électorale sur le terrain et comment se présente pour vous la situation financière ?

Sur le terrain, alors que les paysans ont une grande confiance dans les listes indépendantes et surtout en nous, la classe moyenne, et la classe intellectuelle est divisée entre 54 listes pour 7 places.
La lutte avec les grands partis est inégale. Nous n’avons pas le droit d’avoir des aides de particuliers, alors que les partis peuvent à tout moment avoir de nouveaux adhérents et des dons. Nous sommes le 5 octobre et nous n’avons reçu l’argent de l’état que le 2 octobre ; ainsi nous n’avons toujours pas de moyens de paiements, 70% des paiements devant être fait par chèque.
Après des mois de propagande pour les partis sur tous les médias nationaux et internationaux, au moment même où nous avons notre autorisation en tant que liste indépendante, nous n’avons pas le droit de faire de publicité, nos apparitions dans les médias sont très limitées et on nous interdit d’apparaître dans les médias étrangers. Comme vous pouvez le comprendre, les dés sont pipés.
D’autre part nous constatons un jeu déloyal sur le terrain, avec des menaces proférées afin d’influencer le vote des gens, l’achat de voix et aussi la destruction immédiate et quotidienne des affiches. 

9 - Quelles sont alors, à votre avis, les chances des indépendants devant la machine des partis et le système électoral monté à leur avantage ?

Les partis ayant une logistique et un financement sont bien armés face aux listes indépendantes, ils propagent en outre l’idée que ces dites listes ne sont pas « utiles » et éparpillent les voix. Nous pensons au contraire qu’il est important pour notre pays que des indépendants hors de toute logique électorale future soient présents à la constituante pour défendre les acquis passés et participer à la transition démocratique.
Au vu de ce que nous constatons chaque jour durant notre campagne, nous sommes confiants. Nous occupons le terrain et les gens ont confiance en nous, nous ne dépendons de personne, nous n’avons pas d’ordres ou de personnes parachutées par la tête d’un parti. Beaucoup de gens n’ont pas confiance dans les partis et je pense que si nous, les listes indépendantes, nous nous faisons connaître (par nos petits moyens), les gens auront plus tendance à voter pour nous. 

10 - Le mot de la fin ? 

Nous ne nous proclamons pas comme des opposants à l’ancien régime, nous ne nous proclamons pas comme des défenseurs de la révolution, nous ne promettons pas 1 million de postes de travail, mais nous engageons notre crédibilité envers les votants et envers la patrie pour participer à l’élaboration d’une constitution qui projettera la Tunisie parmi l’élite des nations. Nous aimons notre pays et lui voulons le meilleur, pour lui et pour son peuple. Et pour mieux nous connaître, il y a au moins notre blog : http://constituantenabeul.blogspot.com/

Entretien réalisé par Ahmed Gacem

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